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CRÉDITS

Don Quijote De La Mancha: Segunda Parte

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Read by Jesús Brotons, directed by Don Adolfo García Pascual, and produced by Estudios Roma for the Government of Aragón in 2005.

Capítulo Primero.

Capítulo Primero. De lo que el cura y el barbero pasaron con don Quijote cerca de su enfermedad

Chapitre premier. De ce que le curé et le barbier ont vécu avec Don Quichotte pendant sa maladie.

Cuenta Cide Hamete Benengeli, en la segunda parte desta historia y tercera salida de don Quijote, que el cura y el barbero se estuvieron casi un mes sin verle, por no renovarle y traerle a la memoria las cosas pasadas;

Cide Hamete Benengeli raconte, dans la deuxième partie de cette histoire et la troisième sortie de Don Quichotte, que le curé et le barbier ne l'ont pas vu pendant près d'un mois, afin de ne pas le déranger et de ne pas lui rappeler les événements passés ;

pero no por esto dejaron de visitar a su sobrina y a su ama, encargándolas tuviesen cuenta con regalarle, dándole a comer cosas confortativas y apropiadas para el corazón y el celebro, de donde procedía, según buen discurso, toda su mala ventura.

mais ils n'ont pas pour autant cessé de rendre visite à sa nièce et à sa gouvernante, leur demandant de veiller à lui offrir des aliments réconfortants et appropriés pour le cœur et le cerveau, d'où, selon une bonne théorie, toute sa malchance provenait.

Las cuales dijeron que así lo hacían, y lo harían, con la voluntad y cuidado posible, porque echaban de ver que su señor por momentos iba dando muestras de estar en su entero juicio;

Celles-ci ont dit qu'elles le faisaient et le feraient avec la volonté et le soin possibles, car elles avaient remarqué que leur maître donnait parfois des signes d'être en plein état d'esprit.

de lo cual recibieron los dos gran contento, por parecerles que habían acertado en haberle traído encantado en el carro de los bueyes, como se contó en la primera parte desta tan grande como puntual historia, en su último capítulo.

De quoi les deux ont été très heureux, car il leur semblait qu'ils avaient eu raison de le ramener enchanté dans la charrette des bœufs, comme cela a été raconté dans la première partie de cette histoire aussi grande que précise, dans son dernier chapitre.

Y así, determinaron de visitarle y hacer esperiencia de su mejoría, aunque tenían casi por imposible que la tuviese, y acordaron de no tocarle en ningún punto de la andante caballería, por no ponerse a peligro de descoser los de la herida, que tan tiernos estaban.

Et ainsi, ils ont décidé de lui rendre visite et de constater son amélioration, même s'ils pensaient qu'il n'y en aurait guère, et ils ont convenu de ne pas aborder le sujet de la chevalerie errante, pour ne pas risquer de rouvrir les plaies de sa blessure, qui étaient si fragiles.

Visitáronle, en fin, y halláronle sentado en la cama, vestida una almilla de bayeta verde, con un bonete colorado toledano; y estaba tan seco y amojamado, que no parecía sino hecho de carne momia.

Ils lui ont enfin rendu visite et l'ont trouvé assis dans le lit, vêtu d'une chemise en velours vert et d'un bonnet rouge de Tolède ; et il était tellement sec et déshydraté qu'il ne semblait pas autre chose qu'une momie de chair.

Fueron dél muy bien recebidos, preguntáronle por su salud, y él dio cuenta de sí y de ella con mucho juicio y con muy elegantes palabras;

Ils ont été très bien accueillis, lui ont demandé de ses nouvelles, et il a rendu compte de lui-même et d'elle avec beaucoup de jugement et de mots très élégants ;

y en el discurso de su plática vinieron a tratar en esto que llaman razón de estado y modos de gobierno, enmendando este abuso y condenando aquél, reformando una costumbre y desterrando otra, haciéndose cada uno de los tres un nuevo legislador, un Licurgo moderno o un Solón flamante;

et dans le cours de leur conversation, ils sont venus à traiter de ce qu'on appelle la raison d'État et les modes de gouvernement, en condamnant cet abus et en réformant une coutume, chacun des trois se faisant un nouveau législateur, un Licurgue moderne ou un Solon flambant neuf.

y de tal manera renovaron la república, que no pareció sino que la habían puesto en una fragua, y sacado otra de la que pusieron;

Et ils ont ainsi renouvelé la république, comme s'ils l'avaient mise dans une forge et en avaient sorti une autre.

y habló don Quijote con tanta discreción en todas las materias que se tocaron, que los dos esaminadores creyeron indubitadamente que estaba del todo bueno y en su entero juicio.

Et don Quichotte a parlé avec tellement de discrétion sur tous les sujets abordés que les deux examinateurs ont cru sans aucun doute qu'il était tout à fait sain d'esprit et en plein état de raison.

Halláronse presentes a la plática la sobrina y ama, y no se hartaban de dar gracias a Dios de ver a su señor con tan buen entendimiento;

La nièce et la gouvernante étaient présentes à la conversation, et elles n'ont cessé de remercier Dieu de voir leur maître en si bonne intelligence.

pero el cura, mudando el propósito primero, que era de no tocarle en cosa de caballerías, quiso hacer de todo en todo esperiencia si la sanidad de don Quijote era falsa o verdadera, y así, de lance en lance, vino a contar algunas nuevas que habían venido de la corte;

Mais le curé, changeant son premier propos, qui était de ne pas aborder le sujet de la chevalerie, a voulu vérifier si la guérison de don Quichotte était réelle ou fausse, et ainsi, question après question, il a raconté quelques nouvelles qui étaient venues de la cour.

y, entre otras, dijo que se tenía por cierto que el Turco bajaba con una poderosa armada, y que no se sabía su designio, ni adónde había de descargar tan gran nublado;

Et, entre autres, il a dit qu'on tenait pour certain que le Turc descendait avec une puissante armée, et que l'on ne connaissait pas son dessein, ni où il allait débarquer un si grand nuage de malheur.

y, con este temor, con que casi cada año nos toca arma, estaba puesta en ella toda la cristiandad, y Su Majestad había hecho proveer las costas de Nápoles y Sicilia y la isla de Malta.

Et avec cette crainte, qui nous menace presque chaque année d'une guerre, toute la chrétienté était en alerte, et Sa Majesté avait pris des mesures pour protéger les côtes de Naples, de Sicile et de l'île de Malte.

A esto respondió don Quijote:

À cela, don Quichotte a répondu :

— Su Majestad ha hecho como prudentísimo guerrero en proveer sus estados con tiempo, porque no le halle desapercebido el enemigo; pero si se tomara mi consejo, aconsejárale yo que usara de una prevención, de la cual Su Majestad la hora de agora debe estar muy ajeno de pensar en ella.

— Sa Majesté a agi comme un guerrier très prudent en préparant ses États à l'avance, pour ne pas être pris au dépourvu par l'ennemi ; mais si l'on suivait mon conseil, je lui recommanderais d'utiliser une précaution à laquelle Sa Majesté ne pense probablement pas en ce moment.

Apenas oyó esto el cura, cuando dijo entre sí:

À peine le curé a-t-il entendu cela qu'il s'est dit :

— ¡Dios te tenga de su mano, pobre don Quijote: que me parece que te despeñas de la alta cumbre de tu locura hasta el profundo abismo de tu simplicidad!

— Que Dieu te protège, pauvre don Quichotte : il me semble que tu tombes du haut sommet de ta folie dans l'abîme de ta simplicité !

Mas el barbero, que ya había dado en el mesmo pensamiento que el cura, preguntó a don Quijote cuál era la advertencia de la prevención que decía era bien se hiciese; quizá podría ser tal, que se pusiese en la lista de los muchos advertimientos impertinentes que se suelen dar a los príncipes.

Mais le barbier, qui avait déjà la même pensée que le curé, a demandé à don Quichotte quelle était cette précaution qu'il disait devrait être prise ; peut-être s'agissait-il de l'ajouter à la liste des nombreux avertissements inutiles qu'on donne habituellement aux princes.

— El mío, señor rapador —dijo don Quijote—, no será impertinente, sino perteneciente.

— Le mien, monsieur le rasoir —a dit don Quichotte—, ne sera pas inutile, mais pertinent.

— No lo digo por tanto —replicó el barbero—, sino porque tiene mostrado la esperiencia que todos o los más arbitrios que se dan a Su Majestad, o son imposibles, o disparatados, o en daño del rey o del reino.

— Je ne le dis pas pour autant —a répondu le barbier—, mais parce que l'expérience a montré que tous ou la plupart des conseils donnés à Sa Majesté sont impossibles, absurdes, ou nuisibles au roi ou au royaume.

— Pues el mío —respondió don Quijote— ni es imposible ni disparatado, sino el más fácil, el más justo y el más mañero y breve que puede caber en pensamiento de arbitrante alguno.

— Mais le mien —a répondu don Quichotte— n'est ni impossible ni absurde, mais le plus facile, le plus juste et le plus rapide qu'un conseiller puisse concevoir.

— Ya tarda en decirle vuestra merced, señor don Quijote —dijo el cura.

— Il est temps que Votre Grâce le dise, monsieur don Quichotte —a dit le curé.

— No querría —dijo don Quijote— que le dijese yo aquí agora, y amaneciese mañana en los oídos de los señores consejeros, y se llevase otro las gracias y el premio de mi trabajo.

— Je ne voudrais pas —a dit don Quichotte— qu'il le dise ici maintenant, et qu'il se répande demain dans les oreilles des conseillers, et qu'il emporte les remerciements et la récompense de mon travail.

— Por mí —dijo el barbero—, doy la palabra, para aquí y para delante de Dios, de no decir lo que vuestra merced dijere a rey ni a roque, ni a hombre terrenal, juramento que aprendí del romance del cura que en el prefacio avisó al rey del ladrón que le había robado las cien doblas y la su mula la andariega.

— Pour moi —a dit le barbier—, je jure devant Dieu, dès maintenant, de ne rien dire de ce que Votre Grâce dira au roi, au roi de la roche, ou à un homme terrestre, un serment que j'ai appris du roman du curé qui, dans la préface, a averti le roi du voleur qui lui avait volé les cent doublons et sa mule andalouse.

— No sé historias —dijo don Quijote—, pero sé que es bueno ese juramento, en fee de que sé que es hombre de bien el señor barbero.

— Je ne connais pas d'histoires —a dit don Quichotte—, mais je sais que ce serment est bon, en foi de quoi je sais que le monsieur barbier est un homme de bien.

— Cuando no lo fuera —dijo el cura—, yo le abono y salgo por él, que en este caso no hablará más que un mudo, so pena de pagar lo juzgado y sentenciado.

— S'il ne l'était pas —a dit le curé—, je le garantirais et je m'engagerais pour lui, qu'il ne parlera dans ce cas que comme un muet, sous peine de payer ce qui a été jugé et condamné.

— Y a vuestra merced, ¿quién le fía, señor cura? —dijo don Quijote.

— Et à Votre Grâce, qui lui fera confiance, monsieur le curé ? —a dit don Quichotte.

— Mi profesión —respondió el cura—, que es de guardar secreto.

— Ma profession —a répondu le curé—, qui est de garder le secret.

— ¡Cuerpo de tal!

— Mon Dieu !

—dijo a esta sazón don Quijote—.

—a dit don Quichotte à ce moment-là—.

¿Hay más, sino mandar Su Majestad por público pregón que se junten en la corte para un día señalado todos los caballeros andantes que vagan por España; que, aunque no viniesen sino media docena, tal podría venir entre ellos, que solo bastase a destruir toda la potestad del Turco?

Y a-t-il autre chose, sinon que Sa Majesté ordonne par proclamation publique que tous les chevaliers errants qui errent en Espagne se réunissent à la cour à une date fixée ; que, même s'ils n'étaient que six, il pourrait y en avoir parmi eux qui suffiraient à détruire toute la puissance du Turc ?

Esténme vuestras mercedes atentos, y vayan conmigo.

Soyez attentifs, Votre Grâce, et venez avec moi.

¿Por ventura es cosa nueva deshacer un solo caballero andante un ejército de docientos mil hombres, como si todos juntos tuvieran una sola garganta, o fueran hechos de alfenique?

Est-ce peut-être une nouveauté qu'un seul chevalier errant puisse détruire une armée de cent mille hommes, comme si tous ensemble n'avaient qu'une seule gorge, ou étaient faits d'aluminium ?

Si no, díganme: ¿cuántas historias están llenas destas maravillas?

Sinon, dites-moi : combien d'histoires sont remplies de ces merveilles ?

¡Había, en hora mala para mí, que no quiero decir para otro, de vivir hoy el famoso don Belianís, o alguno de los del inumerable linaje de Amadís de Gaula; que si alguno déstos hoy viviera y con el Turco se afrontara, a fee que no le arrendara la ganancia!

Il serait malheureux pour moi, je ne veux pas dire pour un autre, de vivre aujourd'hui comme le célèbre don Belianis, ou l'un des innombrables descendants d'Amadis de Gaule ; si l'un d'entre eux vivait aujourd'hui et affrontait le Turc, je vous parie qu'il n'en retirerait aucun profit !

Pero Dios mirará por su pueblo, y deparará alguno que, si no tan bravo como los pasados andantes caballeros, a lo menos no les será inferior en el ánimo; y Dios me entiende, y no digo más.

Mais Dieu veillera sur son peuple, et il en délivrera un qui, s'il n'est pas aussi courageux que les chevaliers errants du passé, ne sera pas pour autant inférieur en courage ; et Dieu me comprend, et je n'en dis pas plus.

— ¡Ay! —dijo a este punto la sobrina—; ¡que me maten si no quiere mi señor volver a ser caballero andante!

— Oh ! —a dit la nièce à ce moment-là— ; je meurs si mon seigneur ne veut pas redevenir un chevalier errant !

A lo que dijo don Quijote:

À quoi don Quichotte a répondu :

— Caballero andante he de morir, y baje o suba el Turco cuando él quisiere y cuan poderosamente pudiere; que otra vez digo que Dios me entiende.

— Je mourrai en chevalier errant, et le Turc peut descendre ou monter quand il le voudra et aussi puissamment qu'il le pourra ; car je le répète, Dieu me comprend.

A esta sazón dijo el barbero:

À ce moment, le barbier a dit :

— Suplico a vuestras mercedes que se me dé licencia para contar un cuento breve que sucedió en Sevilla, que, por venir aquí como de molde, me da gana de contarle.

— Je vous prie, messieurs, de me permettre de raconter une courte histoire qui s'est passée à Séville, et qui, puisque je suis venu ici pour cela, me donne envie de la raconter.

Dio la licencia don Quijote, y el cura y los demás le prestaron atención, y él comenzó desta manera:

Don Quichotte a donné sa permission, et le prêtre et les autres ont prêté attention, et il a commencé de cette manière :

— «En la casa de los locos de Sevilla estaba un hombre a quien sus parientes habían puesto allí por falto de juicio.

— Dans la maison des fous de Séville, il y avait un homme que ses proches avaient mis là pour manque de jugement.

Era graduado en cánones por Osuna, pero, aunque lo fuera por Salamanca, según opinión de muchos, no dejara de ser loco.

Il était diplômé en droit canonique d'Osuna, mais, bien qu'il l'ait été de Salamanque, selon l'opinion de beaucoup, il n'en restait pas moins fou.

Este tal graduado, al cabo de algunos años de recogimiento, se dio a entender que estaba cuerdo y en su entero juicio, y con esta imaginación escribió al arzobispo, suplicándole encarecidamente y con muy concertadas razones le mandase sacar de aquella miseria en que vivía, pues por la misericordia de Dios había ya cobrado el juicio perdido;

Ce diplômé, après quelques années de reclusion, a laissé entendre qu'il était sain d'esprit et en plein jugement, et avec cette imagination, il a écrit à l'archevêque, le suppliant instamment et avec de très bonnes raisons de le sortir de cette misère dans laquelle il vivait, car, par la miséricorde de Dieu, il avait déjà recouvré le jugement perdu ;

pero que sus parientes, por gozar de la parte de su hacienda, le tenían allí, y, a pesar de la verdad, querían que fuese loco hasta la muerte.

mais ses proches, pour profiter de sa part de fortune, le gardaient là, et, malgré la vérité, ils voulaient qu'il reste fou jusqu'à sa mort.

»El arzobispo, persuadido de muchos billetes concertados y discretos, mandó a un capellán suyo se informase del retor de la casa si era verdad lo que aquel licenciado le escribía, y que asimesmo hablase con el loco, y que si le pareciese que tenía juicio, le sacase y pusiese en libertad.

L'archevêque, persuadé par de nombreux billets concertés et discrets, a ordonné à l'un de ses aumôniers de s'informer auprès du curé de la maison si ce que le diplômé lui écrivait était vrai, et de parler également au fou, et s'il lui semblait qu'il avait du jugement, de le sortir et de le libérer.

Hízolo así el capellán, y el retor le dijo que aquel hombre aún se estaba loco: que, puesto que hablaba muchas veces como persona de grande entendimiento, al cabo disparaba con tantas necedades, que en muchas y en grandes igualaban a sus primeras discreciones, como se podía hacer la esperiencia hablándole.

L'aumônier a fait ainsi, et le curé lui a dit que cet homme était toujours fou : que, bien qu'il parlât souvent comme une personne de grand entendement, il disait ensuite tant de sottises, qui égalaient souvent ses premières discrétions, comme on pouvait s'en rendre compte en lui parlant.

Quiso hacerla el capellán, y, poniéndole con el loco, habló con él una hora y más, y en todo aquel tiempo jamás el loco dijo razón torcida ni disparatada; antes, habló tan atentadamente, que el capellán fue forzado a creer que el loco estaba cuerdo;

L'aumônier a voulu le faire, et, en plaçant le fou avec lui, il a parlé avec lui pendant une heure et plus, et pendant tout ce temps, le fou n'a jamais dit une chose absurde ou déraisonnable ; au contraire, il a parlé si judicieusement que l'aumônier a été forcé de croire que le fou était sain d'esprit ;

y entre otras cosas que el loco le dijo fue que el retor le tenía ojeriza, por no perder los regalos que sus parientes le hacían porque dijese que aún estaba loco, y con lúcidos intervalos;

et parmi les autres choses que le fou lui a dites, c'est que le curé le méprisait, parce qu'il ne voulait pas perdre les cadeaux que ses proches lui faisaient en disant qu'il était toujours fou, et avec des intervalles lucides ;

y que el mayor contrario que en su desgracia tenía era su mucha hacienda, pues, por gozar della sus enemigos, ponían dolo y dudaban de la merced que Nuestro Señor le había hecho en volverle de bestia en hombre.

et que le plus grand ennemi qu'il avait dans sa malheur était sa grande fortune, car, pour en profiter, ses ennemis mettaient des pièges et doutaient de la grâce que Notre Seigneur lui avait faite en le ramenant d'une bête à un homme.

Finalmente, él habló de manera que hizo sospechoso al retor, codiciosos y desalmados a sus parientes, y a él tan discreto que el capellán se determinó a llevársele consigo a que el arzobispo le viese y tocase con la mano la verdad de aquel negocio.

Finalement, il a parlé de manière à rendre le curé méfiant, ses proches avides et sans cœur, et lui-même si discret que l'aumônier a décidé de l'emmener avec lui pour que l'archevêque le voie et touche du doigt la vérité de cette affaire.

»Con esta buena fee, el buen capellán pidió al retor mandase dar los vestidos con que allí había entrado el licenciado; volvió a decir el retor que mirase lo que hacía, porque, sin duda alguna, el licenciado aún se estaba loco.

»Avec cette bonne foi, le bon aumônier a demandé au curé de donner les vêtements avec lesquels le diplômé était entré là-bas ; le curé a répondu qu'il devait regarder ce qu'il faisait, car, sans aucun doute, le diplômé était toujours fou.

No sirvieron de nada para con el capellán las prevenciones y advertimientos del retor para que dejase de llevarle; obedeció el retor, viendo ser orden del arzobispo; pusieron al licenciado sus vestidos, que eran nuevos y decentes, y, como él se vio vestido de cuerdo y desnudo de loco, suplicó al capellán que por caridad le diese licencia para ir a despedirse de sus compañeros los locos.

Les avertissements et les prévenances du curé pour que l'aumônier cesse de l'emmener n'ont servi à rien ; le curé a obéi, voyant que c'était l'ordre de l'archevêque ; ils ont mis au diplômé ses vêtements, qui étaient neufs et décents, et, comme il se voyait vêtu convenablement et non comme un fou, il a supplié l'aumônier de lui donner la permission d'aller dire au revoir à ses compagnons fous.

El capellán dijo que él le quería acompañar y ver los locos que en la casa había.

L'aumônier a dit qu'il voulait l'accompagner et voir les fous qu'il y avait dans la maison.

Subieron, en efeto, y con ellos algunos que se hallaron presentes; y, llegado el licenciado a una jaula adonde estaba un loco furioso, aunque entonces sosegado y quieto, le dijo:

Ils sont montés, en effet, et avec eux quelques-uns qui étaient présents ; et, arrivé le diplômé à une cage où se trouvait un fou furieux, bien que alors apaisé et tranquille, il lui a dit :

"Hermano mío, mire si me manda algo, que me voy a mi casa; que ya Dios ha sido servido, por su infinita bondad y misericordia, sin yo merecerlo, de volverme mi juicio: ya estoy sano y cuerdo; que acerca del poder de Dios ninguna cosa es imposible.

«Mon frère, regarde si tu m'ordonnes quelque chose, car je vais chez moi ; Dieu a été servi, par sa bonté et sa miséricorde infinies, sans que je le mérite, de me rendre mon jugement : je suis maintenant sain d'esprit ; rien n'est impossible à la puissance de Dieu.

Tenga grande esperanza y confianza en Él, que, pues a mí me ha vuelto a mi primero estado, también le volverá a él si en Él confía.

Aie une grande espérance et une grande confiance en Lui, car, comme Il m'a ramené à mon premier état, Il le fera aussi pour toi si tu mets ta confiance en Lui.

Yo tendré cuidado de enviarle algunos regalos que coma, y cómalos en todo caso, que le hago saber que imagino, como quien ha pasado por ello, que todas nuestras locuras proceden de tener los estómagos vacíos y los celebros llenos de aire.

Je veillerai à t'envoyer quelques cadeaux que tu mangeras, et mange-les en tout cas, car je te fais savoir que, d'après mon expérience, toutes nos folies viennent du fait d'avoir l'estomac vide et le cerveau plein d'air.

Esfuércese, esfuércese, que el descaecimiento en los infortunios apoca la salud y acarrea la muerte".

Fais de ton mieux, fais de ton mieux, car la défaillance dans les malheurs affaiblit la santé et entraîne la mort.»

»Todas estas razones del licenciado escuchó otro loco que estaba en otra jaula, frontero de la del furioso, y, levantándose de una estera vieja donde estaba echado y desnudo en cueros, preguntó a grandes voces quién era el que se iba sano y cuerdo.

»Toutes ces raisons du diplômé ont été entendues par un autre fou qui était dans une autre cage, voisine de celle du furieux, et, se levant d'un vieux matelas où il était allongé nu, il a demandé à haute voix qui était celui qui partait sain d'esprit.

El licenciado respondió: "Yo soy, hermano, el que me voy; que ya no tengo necesidad de estar más aquí, por lo que doy infinitas gracias a los cielos, que tan grande merced me han hecho".

Le diplômé a répondu : «C'est moi, frère, celui qui part ; je n'ai plus besoin d'être ici, et je remercie infiniment les cieux, qui m'ont fait une si grande grâce.»

"Mirad lo que decís, licenciado, no os engañe el diablo —replicó el loco—; sosegad el pie, y estaos quedito en vuestra casa, y ahorraréis la vuelta".

«Regarde ce que tu dis, diplômé, ne te laisse pas tromper par le diable —a répondu le fou— ; ralentis le pas, et reste tranquille chez toi, et tu économiseras le voyage.»

"Yo sé que estoy bueno —replicó el licenciado—, y no habrá para qué tornar a andar estaciones".

«Je sais que je vais bien —a répondu le diplômé—, et il n'y aura pas besoin de refaire le voyage.»

"¿Vos bueno?

«Et toi, tu vas bien ?»

—dijo el loco—: agora bien, ello dirá; andad con Dios, pero yo os voto a Júpiter, cuya majestad yo represento en la tierra, que por solo este pecado que hoy comete Sevilla, en sacaros desta casa y en teneros por cuerdo, tengo de hacer un tal castigo en ella, que quede memoria dél por todos los siglos del los siglos, amén.

—A dit le fou— : Eh bien, cela va dire ; va avec Dieu, mais je jure par Jupiter, dont je représente la majesté sur terre, que pour le seul péché que Séville commet aujourd'hui, en te sortant de cette maison et en te considérant comme sain d'esprit, je vais infliger un tel châtiment à cette ville, qu'il en restera la mémoire pour tous les siècles des siècles, amen.

¿No sabes tú, licenciadillo menguado, que lo podré hacer, pues, como digo, soy Júpiter Tonante, que tengo en mis manos los rayos abrasadores con que puedo y suelo amenazar y destruir el mundo?

Ne le sais-tu pas, petit diplômé, que je peux le faire, car, comme je le dis, je suis Jupiter Tonnant, qui ai dans mes mains les éclairs brûlants avec lesquels je peux et j'ai l'habitude de menacer et de détruire le monde ?

Pero con sola una cosa quiero castigar a este ignorante pueblo, y es con no llover en él ni en todo su distrito y contorno por tres enteros años, que se han de contar desde el día y punto en que ha sido hecha esta amenaza en adelante.

Mais avec une seule chose, je veux punir ce peuple ignorant, et c'est de ne pas faire pleuvoir sur lui et dans tout son district et son environnement pendant trois années entières, qui doivent être comptées à partir du jour et du moment où cette menace a été faite.

¿Tú libre, tú sano, tú cuerdo, y yo loco, y yo enfermo, y yo atado...?

Toi libre, toi sain, toi sain d'esprit, et moi fou, et moi malade, et moi enchaîné... ?

Así pienso llover como pensar ahorcarme".

Ainsi je pense faire pleuvoir comme je pense me pendre.»

»A las voces y a las razones del loco estuvieron los circustantes atentos, pero nuestro licenciado, volviéndose a nuestro capellán y asiéndole de las manos, le dijo: "No tenga vuestra merced pena, señor mío, ni haga caso de lo que este loco ha dicho, que si él es Júpiter y no quisiere llover, yo, que soy Neptuno, el padre y el dios de las aguas, lloveré todas las veces que se me antojare y fuere menester".

«Aux voix et aux raisons du fou, les gens autour étaient attentifs, mais notre diplômé, se tournant vers notre aumônier et le serrant dans ses bras, lui a dit : "Ne vous inquiétez pas, mon seigneur, et ne faites pas attention à ce que ce fou a dit. S'il est Jupiter et ne veut pas faire pleuvoir, moi, qui suis Neptune, le père et le dieu des eaux, je ferai pleuvoir aussi souvent que je le voudrai et que cela sera nécessaire."»

A lo que respondió el capellán: "Con todo eso, señor Neptuno, no será bien enojar al señor Júpiter: vuestra merced se quede en su casa, que otro día, cuando haya más comodidad y más espacio, volveremos por vuestra merced".

À quoi l'aumônier a répondu : «Malgré cela, Seigneur Neptune, il ne sera pas bon d'irriter M. Jupiter : restez dans votre maison, et un autre jour, quand il y aura plus de confort et plus d'espace, nous reviendrons pour vous, à votre grâce.»

Rióse el retor y los presentes, por cuya risa se medio corrió el capellán; desnudaron al licenciado, quedóse en casa y acabóse el cuento.»

Le jongleur et les présents ont ri, et à cause de leur rire, l'aumônier s'est un peu retiré ; ils ont déshabillé le diplômé, il est resté dans la maison et l'histoire s'est terminée.»

— Pues, ¿éste es el cuento, señor barbero —dijo don Quijote—, que, por venir aquí como de molde, no podía dejar de contarle?

—Et donc, c'est cette histoire, monsieur barbier— a dit Don Quichotte —, que, venant ici comme il faut, je ne pouvais pas m'empêcher de vous raconter ?

¡Ah, señor rapista, señor rapista, y cuán ciego es aquel que no vee por tela de cedazo!

Ah, monsieur barbier, monsieur barbier, et combien est aveugle celui qui ne voit pas par un chiffon de filtre !

Y ¿es posible que vuestra merced no sabe que las comparaciones que se hacen de ingenio a ingenio, de valor a valor, de hermosura a hermosura y de linaje a linaje son siempre odiosas y mal recebidas?

Et est-il possible que votre grâce ne sache pas que les comparaisons qui sont faites d'esprit à esprit, de valeur à valeur, de beauté à beauté et de lignée à lignée sont toujours odieuses et mal reçues ?

Yo, señor barbero, no soy Neptuno, el dios de las aguas, ni procuro que nadie me tenga por discreto no lo siendo; sólo me fatigo por dar a entender al mundo en el error en que está en no renovar en sí el felicísimo tiempo donde campeaba la orden de la andante caballería.

Moi, monsieur barbier, je ne suis pas Neptune, le dieu des eaux, et je ne cherche pas à être considéré comme intelligent alors que je ne le suis pas ; je me fatigue seulement à faire comprendre au monde dans quelle erreur il est de ne pas renouveler en lui le temps heureux où l'ordre de la chevalerie errante régnait.

Pero no es merecedora la depravada edad nuestra de gozar tanto bien como el que gozaron las edades donde los andantes caballeros tomaron a su cargo y echaron sobre sus espaldas la defensa de los reinos, el amparo de las doncellas, el socorro de los huérfanos y pupilos, el castigo de los soberbios y el premio de los humildes.

Mais notre époque dépravée n'est pas digne de jouir d'un bien aussi grand que celui dont jouissaient les époques où les chevaliers errants prenaient en charge et portaient sur leurs épaules la défense des royaumes, la protection des jeunes filles, l'aide aux orphelins et aux pupilles, le châtiment des arrogants et la récompense des humbles.

Los más de los caballeros que agora se usan, antes les crujen los damascos, los brocados y otras ricas telas de que se visten, que la malla con que se arman; ya no hay caballero que duerma en los campos, sujeto al rigor del cielo, armado de todas armas desde los pies a la cabeza;

La plupart des chevaliers qui sont utilisés aujourd'hui s'inquiètent davantage des soieries, des brocarts et d'autres tissus riches avec lesquels ils sont vêtus, que de la cotte de mailles avec laquelle ils s'arment ; il n'y a plus de chevalier qui dorme dans les champs, soumis au rigueur du ciel, armé de toutes les armes de la tête aux pieds ;

y ya no hay quien, sin sacar los pies de los estribos, arrimado a su lanza, sólo procure descabezar, como dicen, el sueño, como lo hacían los caballeros andantes.

et il n'y a plus personne qui, sans retirer les pieds des étriers, appuyé sur sa lance, cherche simplement à décapiter, comme on dit, le sommeil, comme le faisaient les chevaliers errants.

Ya no hay ninguno que, saliendo deste bosque, entre en aquella montaña, y de allí pise una estéril y desierta playa del mar, las más veces proceloso y alterado, y, hallando en ella y en su orilla un pequeño batel sin remos, vela, mástil ni jarcia alguna, con intrépido corazón se arroje en él, entregándose a las implacables olas del mar profundo, que ya le suben al cielo y ya le bajan al abismo;

Il n'y a plus personne qui, sortant de cette forêt, entre dans cette montagne, et de là pénètre sur une plage stérile et déserte de la mer, le plus souvent agitée et troublée, et, trouvant sur elle et sur son rivage un petit bateau sans rames, voile, mât ou cordage, avec un cœur intrépide, se jette dedans, se livrant aux vagues implacables de la mer profonde, qui le soulèvent parfois vers le ciel et le font parfois descendre dans l'abîme ;

y él, puesto el pecho a la incontrastable borrasca, cuando menos se cata, se halla tres mil y más leguas distante del lugar donde se embarcó, y, saltando en tierra remota y no conocida, le suceden cosas dignas de estar escritas, no en pergaminos, sino en bronces.

et lui, confronté à la tempête inexorable, se retrouve, sans s'en rendre compte, à plus de trois mille lieues de l'endroit où il s'est embarqué, et, débarquant sur une terre lointaine et inconnue, il lui arrive des choses dignes d'être écrites, non sur des parchemins, mais sur du bronze.

Mas agora, ya triunfa la pereza de la diligencia, la ociosidad del trabajo, el vicio de la virtud, la arrogancia de la valentía y la teórica de la práctica de las armas, que sólo vivieron y resplandecieron en las edades del oro y en los andantes caballeros.

Mais maintenant, la paresse triomphe de la diligence, l'oisiveté du travail, le vice de la vertu, l'arrogance de la bravoure et la théorie de la pratique des armes, qui ne vivaient et ne brillaient que dans les âges d'or et chez les chevaliers errants.

Si no, díganme: ¿quién más honesto y más valiente que el famoso Amadís de Gaula?;

Sinon, dites-moi : qui est plus honnête et plus courageux que le célèbre Amadis de Gaule ?

¿quién más discreto que Palmerín de Inglaterra?;

Qui est plus discret que Palmerin d'Angleterre ?

¿quién más acomodado y manual que Tirante el Blanco?;

Qui est plus habile et manuel que Tirant le Blanc ?

¿quién más galán que Lisuarte de Grecia?;

Qui est plus galant que Lisuarte de Grèce ?

¿quién más acuchillado ni acuchillador que don Belianís?;

Qui est plus poignardé et poignardant que don Belianis ?

¿quién más intrépido que Perión de Gaula, o quién más acometedor de peligros que Felixmarte de Hircania, o quién más sincero que Esplandián?;

Qui est plus intrépide que Perion de Gaule, ou qui est plus audacieux face au danger que Felixmarte d'Hyrcanie, ou qui est plus sincère que Esplandián ?

¿quién mas arrojado que don Cirongilio de Tracia?;

Qui est plus courageux que don Cirongilio de Thrace ?

¿quién más bravo que Rodamonte?;

Qui est plus brave que Rodamonte ?

¿quién más prudente que el rey Sobrino?;

Qui est plus prudent que le roi Sobrino ?

¿quién más atrevido que Reinaldos?;

Qui est plus audacieux que Reinaldos ?

¿quién más invencible que Roldán?;

Qui est plus invincible que Roldán ?

y ¿quién más gallardo y más cortés que Rugero, de quien decienden hoy los duques de Ferrara, según Turpín en su Cosmografía?

Et qui est plus vaillant et plus courtois que Rugero, dont descendent aujourd'hui les ducs de Ferrare, selon Turpin dans sa Cosmographie ?

Todos estos caballeros, y otros muchos que pudiera decir, señor cura, fueron caballeros andantes, luz y gloria de la caballería.

Tous ces chevaliers, et bien d'autres que je pourrais citer, monsieur le curé, étaient des chevaliers errants, la lumière et la gloire de la chevalerie.

Déstos, o tales como éstos, quisiera yo que fueran los de mi arbitrio, que, a serlo, Su Majestad se hallara bien servido y ahorrara de mucho gasto, y el Turco se quedara pelando las barbas, y con esto, no quiero quedar en mi casa, pues no me saca el capellán della; y si su Júpiter, como ha dicho el barbero, no lloviere, aquí estoy yo, que lloveré cuando se me antojare.

J'aimerais que ceux-là, ou des gens comme eux, soient à ma disposition. S'il en était ainsi, Sa Majesté serait bien servie et économiserait beaucoup d'argent, et le Turc se retrouverait à se raser la barbe. Et pour en revenir à moi, je ne veux pas rester chez moi, car le chapelain ne me sort pas. Et si son Jupiter, comme l'a dit le barbier, ne fait pas pleuvoir, je le ferai moi-même quand j'en aurai envie.

Digo esto porque sepa el señor Bacía que le entiendo.

Je dis cela parce que je veux que monsieur Bacía sache que je le comprends.

— En verdad, señor don Quijote —dijo el barbero—, que no lo dije por tanto, y así me ayude Dios como fue buena mi intención, y que no debe vuestra merced sentirse.

— En vérité, monsieur Don Quichotte — dit le barbier —, je ne l'ai pas dit pour ça, et que Dieu m'aide, j'avais de bonnes intentions, et Votre Grâce ne doit pas s'offenser.

— Si puedo sentirme o no —respondió don Quijote—, yo me lo sé.

— Que je puisse m'offenser ou non — répondit Don Quichotte —, je le sais moi-même.

A esto dijo el cura:

À cela, le curé dit :

— Aun bien que yo casi no he hablado palabra hasta ahora, y no quisiera quedar con un escrúpulo que me roe y escarba la conciencia, nacido de lo que aquí el señor don Quijote ha dicho.

— Bien que je n'aie presque pas dit un mot jusqu'à présent, et que je ne veuille pas avoir un scrupule qui me ronge et me tourmente la conscience, à cause de ce que monsieur Don Quichotte a dit ici.

— Para otras cosas más —respondió don Quijote— tiene licencia el señor cura; y así, puede decir su escrúpulo, porque no es de gusto andar con la conciencia escrupulosa.

— Pour d'autres choses — répondit Don Quichotte —, monsieur le curé a la permission ; et ainsi, il peut dire son scrupule, car il n'est pas agréable d'avoir une conscience scrupuleuse.

— Pues con ese beneplácito —respondió el cura—, digo que mi escrúpulo es que no me puedo persuadir en ninguna manera a que toda la caterva de caballeros andantes que vuestra merced, señor don Quijote, ha referido, hayan sido real y verdaderamente personas de carne y hueso en el mundo; antes, imagino que todo es ficción, fábula y mentira, y sueños contados por hombres despiertos, o, por mejor decir, medio dormidos.

— Avec ce consentement — répondit le curé —, je dis que mon scrupule est que je ne peux pas me persuader de quelque manière que ce soit que toute la horde de chevaliers errants que Votre Grâce, monsieur Don Quichotte, a mentionnés, ont été des personnes réelles et de chair et de sang dans le monde ; au contraire, j'imagine que tout est fiction, fable et mensonge, et des rêves racontés par des hommes éveillés, ou, pour mieux dire, à moitié endormis.

— Ése es otro error —respondió don Quijote— en que han caído muchos, que no creen que haya habido tales caballeros en el mundo; y yo muchas veces, con diversas gentes y ocasiones, he procurado sacar a la luz de la verdad este casi común engaño; pero algunas veces no he salido con mi intención, y otras sí, sustentándola sobre los hombros de la verdad;

— C'est une autre erreur — répondit Don Quichotte — dans laquelle beaucoup sont tombés, qui ne croient pas qu'il y ait eu de tels chevaliers dans le monde ; et moi, bien des fois, avec diverses personnes et occasions, j'ai essayé de mettre en lumière la vérité de cette tromperie presque commune ; mais parfois je n'ai pas réussi dans mon intention, et d'autres fois, je l'ai soutenue sur les épaules de la vérité.

la cual verdad es tan cierta, que estoy por decir que con mis propios ojos vi a Amadís de Gaula, que era un hombre alto de cuerpo, blanco de rostro, bien puesto de barba, aunque negra, de vista entre blanda y rigurosa, corto de razones, tardo en airarse y presto en deponer la ira;

Cette vérité est si certaine que je suis sur le point de dire que j'ai vu de mes propres yeux Amadis de Gaule, qui était un homme de grande taille, au teint blanc, bien barbu, bien que noir, avec un regard entre doux et sévère, peu éloquent, lent à se mettre en colère et prompt à laisser tomber sa colère ;

y del modo que he delineado a Amadís pudiera, a mi parecer, pintar y descubrir todos cuantos caballeros andantes andan en las historias en el orbe, que, por la aprehensión que tengo de que fueron como sus historias cuentan, y por las hazañas que hicieron y condiciones que tuvieron, se pueden sacar por buena filosofía sus faciones, sus colores y estaturas.

et de la manière dont j'ai dépeint Amadis, je pourrais, à mon avis, peindre et découvrir tous les chevaliers errants qui figurent dans les histoires du monde, qui, en raison de la crainte que j'ai qu'ils aient été comme leurs histoires le racontent, et des exploits qu'ils ont faits et des conditions qu'ils avaient, on peut déduire par une bonne philosophie leurs traits, leurs couleurs et leurs statures.

— ¿Que tan grande le parece a vuestra merced, mi señor don Quijote —preguntó el barbero—, debía de ser el gigante Morgante?

— Et quelle taille semble-t-elle à Votre Grâce, mon seigneur Don Quichotte — demanda le barbier —, devrait être le géant Morgante ?

— En esto de gigantes —respondió don Quijote— hay diferentes opiniones, si los ha habido o no en el mundo; pero la Santa Escritura, que no puede faltar un átomo en la verdad, nos muestra que los hubo, contándonos la historia de aquel filisteazo de Golías, que tenía siete codos y medio de altura, que es una desmesurada grandeza.

— En ce qui concerne les géants — répondit Don Quichotte —, il y a différentes opinions, s'ils ont existé ou non dans le monde ; mais la Sainte Écriture, qui ne peut pas manquer un atome de vérité, nous montre qu'ils ont existé, en nous racontant l'histoire de ce Philistin de Goliath, qui avait sept coudées et demie de hauteur, ce qui est une grandeur démesurée.

También en la isla de Sicilia se han hallado canillas y espaldas tan grandes, que su grandeza manifiesta que fueron gigantes sus dueños, y tan grandes como grandes torres; que la geometría saca esta verdad de duda.

De même, en Sicile, on a trouvé des os et des épaules si grandes, que leur grandeur manifeste qu'ils appartenaient à des géants, et aussi grandes que de grandes tours ; la géométrie tire cette vérité du doute.

Pero, con todo esto, no sabré decir con certidumbre qué tamaño tuviese Morgante, aunque imagino que no debió de ser muy alto; y muéveme a ser deste parecer hallar en la historia donde se hace mención particular de sus hazañas que muchas veces dormía debajo de techado; y, pues hallaba casa donde cupiese, claro está que no era desmesurada su grandeza.

Mais, malgré tout cela, je ne saurais dire avec certitude quelle taille avait Morgante, bien que j'imagine qu'il ne devait pas être très grand ; et je suis amené à cette opinion en trouvant dans l'histoire où il est fait mention particulière de ses exploits qu'il dormait souvent sous un toit ; et, puisqu'il trouvait une maison où il pouvait entrer, il est clair que sa grandeur n'était pas démesurée.

— Así es —dijo el cura.

— C'est ainsi — dit le curé.

El cual, gustando de oírle decir tan grandes disparates, le preguntó que qué sentía acerca de los rostros de Reinaldos de Montalbán y de don Roldán, y de los demás Doce Pares de Francia, pues todos habían sido caballeros andantes.

Qui, se réjouissant d'entendre de si grands absurdités, lui demanda ce qu'il pensait des visages de Reinaldo de Montalbán et de Don Roldán, et des autres Douze Pairs de France, car tous avaient été des chevaliers errants.

— De Reinaldos —respondió don Quijote— me atrevo a decir que era ancho de rostro, de color bermejo, los ojos bailadores y algo saltados, puntoso y colérico en demasía, amigo de ladrones y de gente perdida.

— De Reinaldo — répondit Don Quichotte — j'ose dire qu'il était large de visage, de couleur rougeâtre, les yeux brillants et un peu saillants, pointu et trop coléreux, ami des voleurs et des gens perdus.

De Roldán, o Rotolando, o Orlando, que con todos estos nombres le nombran las historias, soy de parecer y me afirmo que fue de mediana estatura, ancho de espaldas, algo estevado, moreno de rostro y barbitaheño, velloso en el cuerpo y de vista amenazadora; corto de razones, pero muy comedido y bien criado.

De Roldán, ou Rotolando, ou Orlando, comme il est nommé dans les histoires, je suis d'avis et je l'affirme qu'il était de taille moyenne, large d'épaules, un peu trapu, au visage brun et à la barbe hirsute, velu sur le corps et d'un regard menaçant ; court d'esprit, mais très mesuré et bien élevé.

— Si no fue Roldán más gentilhombre que vuestra merced ha dicho —replicó el cura—, no fue maravilla que la señora Angélica la Bella le desdeñase y dejase por la gala, brío y donaire que debía de tener el morillo barbiponiente a quien ella se entregó; y anduvo discreta de adamar antes la blandura de Medoro que la aspereza de Roldán.

— S'il n'était pas Roldán plus gentilhomme que Votre Grâce ne l'a dit — répliqua le curé —, il n'est pas étonnant que la dame Angélique la Belle l'ait méprisé et préféré la grâce, le brio et le don de plaire qu'il devait avoir le barbu moustachu à qui elle s'est donnée ; et elle a eu la sagesse d'adorer d'abord la douceur de Médoro que la rudesse de Roldán.

— Esa Angélica —respondió don Quijote—, señor cura, fue una doncella destraída, andariega y algo antojadiza, y tan lleno dejó el mundo de sus impertinencias como de la fama de su hermosura:

— Cette Angélique — répondit Don Quichotte —, monseigneur le curé, était une demoiselle débauchée, errante et quelque peu capricieuse, et elle a laissé le monde aussi plein de ses impertinences que de la renommée de sa beauté :

despreció mil señores, mil valientes y mil discretos, y contentóse con un pajecillo barbilucio, sin otra hacienda ni nombre que el que le pudo dar de agradecido la amistad que guardó a su amigo.

elle a méprisé mille seigneurs, mille braves et mille sages, et s'est contentée d'un petit garçon barbu, sans autre fortune ni nom que celui qu'il pouvait lui donner de reconnaissance pour l'amitié qu'il gardait à son ami.

El gran cantor de su belleza, el famoso Ariosto, por no atreverse, o por no querer cantar lo que a esta señora le sucedió después de su ruin entrego, que no debieron ser cosas demasiadamente honestas, la dejó donde dijo:

Le grand chanteur de sa beauté, le célèbre Ariosto, n'ayant pas osé, ou n'ayant pas voulu chanter ce qui est arrivé à cette dame après sa honteuse reddition, qui ne devait pas être des choses très honnêtes, l'a laissée où il a dit :

Y como del Catay recibió el cetro,

Et comme du Catay il a reçu le sceptre,

quizá otro cantará con mejor plectro.

peut-être un autre chantera avec un meilleur plectre.

Y, sin duda, que esto fue como profecía; que los poetas también se llaman vates, que quiere decir adivinos. Véese esta verdad clara, porque, después acá, un famoso poeta andaluz lloró y cantó sus lágrimas, y otro famoso y único poeta castellano cantó su hermosura.

Et, sans aucun doute, c'était comme une prophétie ; car les poètes sont aussi appelés vates, qui veut dire devins. On voit clairement cette vérité, car, après cela, un célèbre poète andalou a pleuré et chanté ses larmes, et un autre célèbre et unique poète castillan a chanté sa beauté.

— Dígame, señor don Quijote —dijo a esta sazón el barbero—, ¿no ha habido algún poeta que haya hecho alguna sátira a esa señora Angélica, entre tantos como la han alabado?

— Dites-moi, seigneur Don Quichotte — dit à ce moment le barbier —, n'y a-t-il pas eu un poète qui a fait une satire de cette dame Angélique, parmi tant de ceux qui l'ont louée ?

— Bien creo yo —respondió don Quijote— que si Sacripante o Roldán fueran poetas, que ya me hubieran jabonado a la doncella; porque es propio y natural de los poetas desdeñados y no admitidos de sus damas fingidas —o fingidas, en efeto, de aquéllos a quien ellos escogieron por señoras de sus pensamientos—,

— Je crois bien, — répondit Don Quichotte — que si Sacripante ou Roldán avaient été poètes, ils auraient déjà fait des vers sur la demoiselle ; car il est propre et naturel aux poètes méprisés et non admis par leurs dames feintes — ou feintes, en effet, de ceux qu'ils ont choisis pour dames de leurs pensées —,

vengarse con sátiras y libelos (venganza, por cierto, indigna de pechos generosos), pero hasta agora no ha llegado a mi noticia ningún verso infamatorio contra la señora Angélica, que trujo revuelto el mundo.

de se venger par des satires et des libelles (une vengeance, certes, indigne de cœurs généreux), mais jusqu'à présent, il n'est pas venu à ma connaissance aucun vers infamant contre la dame Angélique, qui a bouleversé le monde.

— ¡Milagro! —dijo el cura.

— Miracle ! — dit le curé.

Y, en esto, oyeron que la ama y la sobrina, que ya habían dejado la conversación, daban grandes voces en el patio, y acudieron todos al ruido.

Et, à ce moment, ils ont entendu la servante et la nièce, qui avaient déjà quitté la conversation, faire de grands bruits dans la cour, et tous se sont précipités vers le bruit.

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Capítulo Primero.

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